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    2 months ago

    Sur l’autogestion, personnellement, il y a un truc qui m’a beaucoup ouvert les yeux. C’est la vidéo de Fouloscopie sur les organisations émergentes. Pour la faire courte, il prend un groupe de personnes, je crois que ça devait être 64 personnes, et il leur donne la tâche de reproduire un dessin sur une grille de 8 par 8 et chacun doit prendre une feuille de papier de couleur, se placer à un pixel donné et à un moment on lève les feuilles vers le ciel et d’un point de vue en hauteur on voit si le dessin a été correctement reproduit.

    Il les laisse s’organiser comme ils veulent pour faire ça. Et il y a plusieurs formes d’organisation qui se font. Comme attendu, assez vite, il y a des hiérarchies qui se mettent à émerger. À un moment, il les “décapite” en identifiant les chefs et en les retirant du groupe. Il y a aussi une expérience où ils doivent s’organiser sans se parler. Il montre que ça marche tout à fait sans chef également.

    Mais à un moment, il doit interdire un truc parce qu’il y a quelqu’un qui avait trouvé l’idée que chacun se place et il y a un mec qui distribue les pixels à tout le monde, comme ça, il n’y a pas d’erreur. Ça, ça marchait bien, mais ça ne l’intéressait pas dans la dynamique de groupe, donc il l’a interdit.

    Et là, à ce point-là, j’ai réalisé un truc, c’est qu’en fait, c’était une tâche qui ne nécessitait même pas un groupe. C’était une tâche faisable par une personne. Donc quelque part, son expérience était un petit peu à l’eau parce que ça ne montre pas comment on s’organise pour faire une tâche qui nécessite plusieurs personnes. Mais par contre, ça a montré que tout le temps, même quand c’est absolument inutile, par réflexe, on laisse émerger des hiérarchies et ce que j’en ai retiré c’est que si tu veux un truc autogéré tu dois avoir un mécanisme actif qui supprime les hiérarchies.

    Une autre solution que j’ai vue dans un vieux texte de hippie américain, donc une personne qui était revenue d’organisations soi-disant sans hiérarchie dans des groupes féministes. Elle disait qu’en fait, les hiérarchies implicites étaient les pires au niveau de la toxicité. et qu’elle préconisait qu’on crée des hiérarchies explicites avec tous les contre-pouvoirs nécessaires en face, et que c’est ça qui donnait le plus d’équilibre à une structure autogérée.

    Sinon, une des dernières pistes pour moi qui ai beaucoup traîné dans les hackerspace, je ne sais pas si on peut dire que c’est un mode d’organisation ou un mème, on parle de do-ocracy, c’est-à-dire c’est celui qui fait et qui commande. C’est un petit peu la base du volontariat, c’est-à-dire que la personne qui doit faire le truc, c’est elle qui décide de ce qu’il faut faire. Il y a besoin de planter des poireaux, c’est celui qui va planter les poireaux, qui décide de quand c’est fait, d’où c’est fait. Ce n’est pas forcément un mode d’organisation parce que tu ne peux pas faire autrement au niveau du volontariat. Mais peut-être que pour certains, ça valait le coup de rendre ce fonctionnement explicite.

    De fait, ça va créer des hiérarchies, mais ça impose aussi une forme de non-coercition. Parce que les choses se font uniquement de façon volontaire à ce moment-là.